PLAISIR DE CRÉATIONS, CRÉATION DE PLAISIR, FOCUS SUR LA MUSIQUE DE MICHEL LYSIGHT
En ouverture, The Old Masters of Speyside, une des œuvres préférées de l’orchestre, suivie de trois créations mondiales, commandes de l’ORCW : Concerto pour contrebasse, Rhapsody pour clarinette (commande conjointe avec le Festival de Lasne) et Symphony n° 3. Et aussi, les délicieux Trois croquis pour alto.
Plaisir ? Vous avez dit plaisir ?
UNE TRÈS BELLE HISTOIRE…
La longue et fructueuse collaboration entre l’Orchestre royal de Chambre de Wallonie et le compositeur et chef d’orchestre Michel Lysight a généré au fil du temps de profonds liens d’amitié avec les musiciens de l’ensemble. C’est ainsi que lui est venue tout naturellement l’envie de composer plusieurs œuvres dédiées soit à l’orchestre tout entier (Symphonie n° 3, November etc.), soit à certains de ses musiciens en particulier (Concerto pour violon, Concerto pour contrebasse, Enigma, Septentrion etc.), ou encore à des solistes internationaux tels Frank Braley (Concerto pour piano) ou Ronald Van Spaendonck, celui-ci étant régulièrement invité en tant que soliste par l’ORCW. D’ailleurs, la toute récente Rhapsody pour clarinette et orchestre à cordes, composée spécialement pour Ronald Van Spaendonck et l’ORCW, est le fruit d’une commande conjointe de ce dernier et du Festival de Lasne. Oui, décidément, une très belle histoire…
Ektoras Tartanis, direction
Ronald Van Spaendonck, clarinette
Anne Pingen, alto
Philippe Cormann, contrebasse
Programme : Michel Lysight
Compositeur et chef d’orchestre belge né le 14 octobre 1958, Michel Lysight étudie la musique à l’académie de Schaerbeek où il obtient en 1981 la médaille du Gouvernement pour le piano (classe de Klara Konrad) et la musique de chambre (classe de Renée Waelkens). Après deux années d’études en histoire de l’art (Université Libre de Bruxelles, 1976-1978), il entre au Conservatoire Royal de Bruxelles où il obtient les premiers prix d’histoire de la musique, de méthodologie du solfège (ordinaire et perfectionnement), de psycho-pédagogie, d’harmonie, de contrepoint, de fugue et de basson. Il est également titulaire des diplômes supérieurs de solfège et de musique de chambre.
Il a travaillé la direction d’orchestre avec René Defossez et Robert Janssens dans la classe duquel il obtient son premier prix avec distinction en 1997 et le diplôme supérieur en 2002. Son premier prix de composition lui est décerné en 1989 au Conservatoire Royal de Mons dans la classe de Paul-Baudouin Michel. Cette même année, la Banque Dexia lui commande, pour son concours annuel “Axion Classics”, l’oeuvre imposée pour les bois, intitulée “Soleil Bleu” ; elle lui commandera en 2004 le morceau imposé pour guitare “Chronographie VI”. “Quatrain” pour quatuor à vent a obtenu le Prix Irène Fuérison 1990 de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Belgique. La Médaille d’argent avec mention de l’Académie Internationale de Lutèce (Paris) lui a été décernée en 1992 à l’occasion de son concours international de composition. L’Union des Compositeurs Belges lui a décerné le Trophée Fuga 1997 pour son action en faveur du répertoire national. Le Concours International Adolphe Sax de Dinant lui a commandé “Chronographie IX” pour sa session 2006. La découverte de musiciens tels que Steve Reich ou Arvo Pärt sera essentielle pour l’évolution de son langage personnel et en fera une des figures de proue du courant postmoderne (Nouvelle Musique Consonante). Michel Lysight est membre de la Sabam et de l’Union des Compositeurs Belges.
À son catalogue figure une centaine d’oeuvres. La plupart sont enregistrées sur de nombreux CD’s parmi lesquels on peut citer “Labyrinthes” (Cyprès), “Ritual” (Kalidisc), “Music for flute and percussion 1 & 2” (Naxos), “Cosmographies” (Quartziade), “Enigma” (Dux), “Road Movies” (Pavane) et “Belgian Chamber Music” (Harp & Co). La création mondiale sous sa direction de son “Concerto pour clarinette et orchestre” le 1er avril 2005 à Moscou par Ronald Van Spaendonck a remporté un très vif succès. Pierre Olivier Martens crée son “Concerto pour basson et orchestre à cordes” le 12 juillet 2008 dans le cadre du Schleswig Holstein MusikFestival (Allemagne) avec le Sinfonietta Baltica sous la direction de Gerd Müller-Lorenz.
Michel Lysight est professeur de formation musicale et de formation aux langages contemporains au Conservatoire Royal de Bruxelles. Il a été professeur invité en 1999 à la Bilkent University d’Ankara (Turquie). En 2008-2009, il est compositeur en résidence au Conservatoire “Darius Milhaud” du XIVème arrondissement de la Ville de Paris. Sa cantate pour contreténor, choeur et grand orchestre “Les Chants de Casanova” (sur un texte d’Alain Van Kerckhoven) a été créée avec un immense succès au conservatoire royal de Bruxelles le 29 janvier 2010 (et reprise le 30 janvier 2010 à Lille) par les Choeurs de l’Union Européeenne, les choeurs et l’orchestre du conservatoire sous la direction du chef français Pierre-Yves Gronier.
En effet, un profond lien d’amitié me relie à eux, que ce soit l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, Ronald Van Spaendonck, Philippe Cormann ou Anne Pingen, et je suis ravi à l’idée de collaborer avec le chef d’orchestre spécialement invité pour l’occasion, à savoir Ektoras Tartanis.
L’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie joue régulièrement ma musique depuis de très nombreuses années, et ce toujours avec un enthousiasme et un professionnalisme infaillibles. Mais notre collaboration ne se limite pas à cela : j’ai souvent été invité par l’orchestre en tant que chef pour diriger ma musique ou créer les œuvres d’autres compositeurs, ou encore comme orchestrateur en vue d’arranger pour cordes diverses pièces de tous styles. Ce furent chaque fois de beaux moments d’émotion, tant musicale qu’humaine, mais aussi de grande rigueur dans le travail.
De nombreuses pièces pour orchestre à cordes de mon catalogue furent créées et/ou commandées par l’ORCW. Parmi celles-ci, « The Old Masters of Speyside » occupe une place à part dans le cœur des musiciens. Ils ont souvent joué cette œuvre et la connaissent donc très bien, mais au-delà de cela, tous m’ont fait part du plaisir qu’ils ressentent en l’interprétant.
La « Symphony n° 3 » est la dernière pièce composée spécialement pour l’ORCW et sera donc jouée en création mondiale. Fruit d’une commande de l’orchestre, j’ai pensé à toutes les qualités de l’ORCW, que ce soit dans la sonorité globale ou dans le jeu de chacun. Il y a donc un passage vers la fin du quatrième mouvement où les douze musiciens jouent tous une partie différente, ceci afin de mettre chacun en valeur individuellement.
Le monde de la clarinette est rempli de grands et brillants interprètes, mais Ronald Van Spaendonck est une figure unique. Soliste international capable de surmonter les pires difficultés techniques, il est surtout et avant tout un immense musicien et un pédagogue réputé. Ses étudiants viennent de très loin (Chine, Japon, Espagne, France, Italie, Amérique latine etc.) pour se perfectionner auprès de lui aux Conservatoire royaux de Bruxelles et de Mons ainsi qu’à l’École Normale « Alfred Cortot » de Paris. J’ai le plaisir d’être son ami depuis quarante ans, et ce n’est pas un hasard si la clarinette est l’instrument pour lequel j’ai le plus composé, car être joué par un tel artiste est un privilège rare. Il m’a mis au défi, il y a très longtemps, de composer systématiquement une œuvre faisant appel à la formation instrumentale de grandes pièces du répertoire de son instrument : Quintette pour clarinette et quatuor à cordes, Sonate pour clarinette et piano, Concerto, Trio pour clarinette, violoncelle et piano, Trio pour clarinette, violon et piano, Sextuor pour clarinette, quatuor à cordes et piano etc. J’ai donc relevé le défi, et la « Rhapsody » pour clarinette et orchestre à cordes clôture la liste. Une ultime pierre à l’édifice, en quelque sorte, mais on sait que celui-ci n’est jamais achevé.
J’ai connu Philippe Cormann à l’académie de Berchem Sainte-Agathe où, jeune professeur de vingt-deux ans, je donnais cours de solfège. Il était adolescent, déjà très doué et extrêmement travailleur, et je n’étais âgé que de quelques années de plus que lui. Notre amitié, née à ce moment-là, est toujours aussi forte aujourd’hui. Il y a deux ans, Philippe me téléphone et me demande, un peu gêné, si j’accepterais de lui écrire un Concerto pour contrebasse et orchestre. Il se fait que j’ai toujours eu envie de composer un Concerto pour tous les instruments et, dans cette optique, la contrebasse était dans mon collimateur depuis un certain temps. Toutefois cela restait flou et la demande de Philippe permit de dissiper le brouillard puisque mon « oui » fut enthousiaste, connaissant son immense talent musical. Mais pour diverses raisons trop longues à énoncer ici, écrire pour contrebasse est loin d’être évident. J’ai donc accepté sous réserve que Philippe me guide, au fur et à mesure de l’avancement de l’œuvre, dans la rédaction « technique » de la partie soliste. Je lui envoyais donc régulièrement des extraits du Concerto, lui demandant de me dire si tel ou tel passage était jouable, ce qu’il proposait de rectifier, s’il avait des suggestions etc. Ce fut un travail passionnant mais parfois rude car pour un compositeur, renoncer à son idée première peut se révéler douloureux : la loi du soliste est dure, mais c’est la loi. Enfin, Philippe est le contrebassiste de l’ORCW, et à mon avis, il n’est que juste de le voir aujourd’hui jouer en tant que soliste, accompagné par « son » orchestre. Cette création mondiale est donc pour moi un moment très émouvant.
J’ai essentiellement connu Anne Pingen en travaillant avec l’ORCW, dont elle est chef de pupitre des altos. Nous avons rapidement été en phase et sommes devenus amis, ce qui l’a amenée à jouer mon œuvre « Septentrion » pour alto et cordes lors du concert de mes œuvres donné à l’Atomium pour fêter mes soixante ans ainsi que les soixante ans de l’orchestre et de l’Atomium. Longtemps injustement décrié, les blagues sur les altistes faisant la joie du monde musical, l’alto est un magnifique instrument à la sonorité chaude, grave, profonde, qui me permet d’exprimer la partie parfois sombre et dramatique de mon langage, sans pour autant devoir renoncer aux autres caractéristiques de celui-ci. Mes « Trois Croquis » existent en de multiples versions, mais ce sera la toute première fois qu’ils seront joués dans cette version pour alto et orchestre à cordes, et je suis particulièrement heureux que Anne en soit la soliste.
Enfin, je tiens à remercier du fond du cœur l’administrateur de l’ORCW, Laurent Fack, qui m’a fait confiance depuis toutes ces années et ainsi permis de faire découvrir ma musique à un public de plus en plus large et ce avec de merveilleux musiciens, remercier également toute l’équipe technique et administrative de l’ORCW, le Festival de Lasne qui a commandé la « Rhapsody » et Arsonic qui nous accueille pour ce deuxième concert.
Michel Lysight
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